18 Décembre 2012
Que nous dit la quatrième de couverture?
<< Janvier 1946. Londres se relève douloureusement des drames de la Seconde Guerre mondiale et Juliet, jeune écrivaine anglaise, est à la recherche du sujet de son prochain roman. Comment pourrait-elle imaginer que la lettre d'un inconnu, un natif de l'île de Guernesey, va le lui fournir ? Au fil de ses échanges avec son nouveau correspondant, Juliet pénètre son monde et celui de ses amis - un monde insoupçonné, délicieusement excentrique. Celui d'un club de lecture créé pendant la guerre pour échapper aux foudres d'une patrouille allemande un soir où, bravant le couvre-feu, ses membres venaient de déguster un cochon grillé (et une tourte aux épluchures de patates...) délices bien évidemment strictement prohibés par l'occupant. Jamais à court d'imagination, le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates déborde de charme, de drôlerie, de tendresse, d'humanité Juliet est conquise. Peu à peu, elle élargit sa correspondance avec plusieurs membres du Cercle et même d'autres habitants de Guernesey , découvrant l'histoire de l'île, les goûts (littéraires et autres) de chacun, l'impact de l'Occupation allemande sur leurs vies... Jusqu'au jour où elle comprend qu'elle tient avec le Cercle le sujet de son prochain roman. Alors elle répond à l'invitation chaleureuse de ses nouveaux amis et se rend à Guernesey. Ce qu'elle va trouver là-bas changera sa vie à jamais. >>
Mon avis?
Je dois avouer que j'avais nourri de l'appréhension quant à ce roman. Voilà une paire d'années que je le croise un peu partout sur les rayonnages, s'offrant à l'œil sous tous les profils possibles et imaginables. Alors que je ne m'étais pas encore donnée la peine de me pencher sur la quatrième de couverture, ou alors, si cela se produisait, j'en parcourais en diagonale les quatre premières lignes, me rappelant à chaque fois qu'il s'agissait d'un récit épistolaire, je passais rapidement à autre chose. Seulement voilà, poussée par ma curiosité, j'ai quand même, quand même, (quand même!) fini par le tenir fermement entre les mains, bien décidée à me forcer s'il le fallait pour découvrir ce que les lecteurs lui avaient trouvé de si exaltant (rho grincheuse, arrête!).
Non, mon billet ne sera pas une flagellation, mais se contentera d'une série de louanges devant cet ouvrage si attachant. Et j'en prends de la graine, "l'habit ne fait pas le moine!", comme disait l'autre.
Alors, il s'agit donc de Juliet Ashton, 32 ans et écrivain dont la plupart des publications ont connu un honorable succès. Alors qu'elle se met à chercher un éventuel sujet intéressant pour son prochain roman, une lettre arrivant d'une île anglo-normande; Guernesey, ouvre le pas à une longue correspondance riche en confessions et en émotions. C'est alors qu'est évoqué le fameux cercle littéraire (d'amateurs d'épluchures de patates); une sorte de club de lecture dont l'idée de création est survenue pour remédier à la situation inconfortable dans laquelle s'étaient retrouvés Elisabeth et ses amis au retour d'une soirée quelque peu arrosée pour certains. Celle-ci, prise en flagrant délit ne respectant pas le couvre-feu fixé par les occupants allemands se justifia, occultant les faits réels, ceux-ci sans doute pouvant leur porter plus grand préjudice.
Au fil de ses correspondances, Juliet fait la connaissance de Dawsey, Isola, Amelia, Eben et bien d'autres. Chacun d'eux, doté d'un caractère bien singulier, apportera son témoignage, chacun d'entre eux relatera, à sa manière comment l'occupation aura absorbé tel un gouffre une partie de lui-même. Comment, un an après la guerre, quand bien même les choses s'étaient progressivement rétablies et la vie suivait désormais son cours, les blessures des cœurs meurtris peinaient amplement à s'estomper.
"Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates" fait partie des livres qui vous habitent, qui vous font rire et pleurer. Vous font frôler la sensation d'y être, d'y avoir assisté, vous font partager les regrets, les craintes et les apitoiements des personnages mais aussi leur soulagement et bonheurs simples. Des personnages dont on ne peut s'empêcher de croire en la réelle existence, quelque part, car après tout, la guerre a bien eu lieu, il y a bien eu des survivants, des âmes solides (ou pas), et parmi ces derniers devaient bien s'incarner une Elisabeth, une Kit ou encore une Remy.
Un petit extrait qui m'a touchée :
<< Nos plages ont été déminées et je peux aller où bon me semble, aussi longtemps que je le désire. Et, quand je suis en haut des falaises et que je regarde la mer, je ne vois pas les affreux bunkers en ciment et la terre nue, sans arbres, dans mon dos. Ils n'ont pas réussi à saccager la mer. >> Amelia
Que dire de plus? Une très bonne lecture, un page-turner par excellence où la plume ne s'encombre presque jamais de tournures philosophiques lassantes, ce qui rend la lecture facile et agréable. Alors si ce n'est pas déjà fait, qu'attendez-vous pour vous plonger corps et âme dans ce petit bijou? Sinon, qu'en avez-vous pensé?
Lu dans le cadre du Baby Challenge Contemporain 2013